Des journées de recrutement en Italie pour trouver des ouvriers pour les chantiers valaisans
Par manque de main d'œuvre, le secteur valaisan de la construction recrute du personnel en Italie. Des journées de recrutement sont même organisées directement dans notre pays voisin pour dénicher des ouvriers.
Les ouvriers italiens reviennent en force dans le secteur valaisan de la construction. La proximité de notre canton avec le pays transalpin a toujours suscité de l'intérêt des deux côtés de la frontière. En Valais, le manque de main d'œuvre sur les chantiers est criant alors qu'en Italie le secteur du bâtiment est sinistré et les ouvriers cherchent du travail. Les techniques de construction sont aussi similaires entre le nord de l'Italie et la Suisse.
Ce constat a poussé la succursale martigneraine de l'agence de placement Flexsis à organiser une journée de recrutement directement en Italie pour ses clients valaisans. Elle aura lieu le 15 mai 2024 à Bergame, proche de Milan. Concrètement, les demandeurs d'emploi italiens peuvent s'inscrire pour passer des entretiens d'embauche directement dans leur ville dans le but de venir ensuite travailler pour des entreprises valaisannes. "C'est comme un entretien d'embauche classique en agence", explique Eric Cavada, responsable de l'agence Flexsis de Martigny.
Les candidats retenus sont engagés par Flexsis, qui gère les contrats, la logistique, qui peut même trouver des logements pour les ouvriers. Les travailleurs sont ensuite placés dans les entreprises valaisannes qui font appel pour le recrutement à l'agence de placement.
Même son de cloche chez les entrepreneurs
L'Association valaisanne des entrepreneurs (AVE) confirme que le secteur de la construction manque cruellement de main d'œuvre en Valais. "Le déficit est là et on est obligé de passer par l'immigration parce qu'il n'y a pas d'autres solutions pour l'instant", souligne Serge Métrailler, le directeur de l'AVE. "La main d'œuvre italienne est connue depuis fort longtemps et les ouvriers sont d'excellents travailleurs", poursuit l'ancien député centriste.
L'AVE ne cache pas non plus draguer la main d'œuvre italienne, notamment pour les apprentis. "On a bon nombre de jeunes Italiens qui souhaitent se former, faire des CFC", révèle Serge Métrailler. Toutefois en raison des cours donnés dans les centres professionnels valaisans en français et en allemand, les apprentis italiens se retrouvent à l'école au Tessin. "S'ils réussissent leur CFC en italien au Tessin, ils restent bien souvent au Tessin, et nous, on perd cette main d'œuvre", regrette Serge Métrailler. L'Association valaisanne des entrepreneurs propose désormais – et c'est nouveau – des cours pour allophones dans le but de conserver ce personnel. "On propose une sorte de préapprentissage avec des cours de français ou d'allemand, en les intégrant aussi aux chantiers, tout en leur donnant des perspectives d'AFP ou de CFC", explique le directeur de l'AVE. "Ils sont ainsi intégrés ici et on espère qu'ils restent à vie", sourit Serge Métrailler.
Une démarche similaire est aussi mise sur pied pour les réfugiés avec des cours pour allophones. L'objectif : leur permettre d'embrasser une carrière dans la construction, avec des perspectives professionnelles. "Le but de notre association professionnelle n'est pas d'avoir de la main d'œuvre, mais de la main d'œuvre qualifiée", insiste Serge Métrailler. Ces cours sont financés conjointement par l'AVE et l'entreprise formatrice.
Dans tous les cas, ces démarches visent à installer durablement la main d'œuvre en Valais et de faire profiter l'économie valaisanne de la présence et de l'installation des travailleurs dans le canton. Dans le Haut-Valais, une grande partie des ouvriers italiens sont aujourd'hui des frontaliers. Ils travaillent en Valais, rentrent le soir en Italie et consomment dans le pays transalpin.